L’histoire de l’anneau de Saint-Maurice du château de Chillon a traversé les âges. “L’anneau de pouvoir” est une chevalière sertie d’un saphir gravé façonnée il y a presque 2000 ans que se sont transmis les comtes de Savoie durant des générations.
Elle est exposée en vitrine dans l’une des pièces de la forteresse de Veytaux. Son passé a en effet un fort intérêt historique.
le château est au centre d’une autre actualité cette saison : Inédit au château de Chillon: un nouveau circuit de visite depuis les vignes.
[photo : château de Chillon]
Château de Chillon : connaissez-vous l’histoire de “l’anneau de pouvoir”?
Un joyau imposant
L’anneau de Saint-Maurice est un objet bien minuscule au sein des murailles imposantes du château de Chillon.
Il attire toutefois les regards dans la salle 17, dite salle Pierre II (comte de Savoie qui a entrepris de grands travaux au château au XIIIe siècle).
Le bijou est exceptionnellement imposant. L’anneau en or est large et épais. Il est coloré de rouge et bleu et orné d’un paon aux plumes déployées.
Le saphir mesure environ 2,8 cm sur 2,3 cm. La pierre précieuse bleue est gravée en creux afin que le bijou puisse être utilisé comme sceau, une signature figée dans la cire.
Le motif sur le saphir est un homme a cheval portant à la main une lance qui pointe vers le bas. Ce cavalier est vêtu d’un manteau du même type que portaient les empereurs romains (un paludamentum).
Cette imposante chevalière devait être lourde à porter au doigt mais surtout, elle ne devait pas passer inaperçue.
Enfermé seul dans une vitrine, “l’anneau de pouvoir” est mis en valeur dans le parcours de visite du château de Chillon.
Des origines mystérieuses
La date de création du joyau n’est pas précisément connue.
L’anneau appartenait à l’abbaye de Saint Maurice, bâtie il y a 1500 ans en Valais, qui était un sanctuaire important de l’Europe médiévale.
C’est là que reposent les reliques de saint Maurice d’Agaune, un légionnaire romain originaire d’Égypte, devenu martyr lors d’une persécution menée contre les chrétiens au début du 4e siècle.
“Il semble que les comtes de Savoie ont entretenu de bons rapports avec l’abbaye, jusqu’à en devenir les protecteurs à la fin du 12e siècle. La tradition veut que ce soit Pierre II (1263-1268) qui ait réussi l’exploit qu’on lui cède l’anneau. En réalité, le testament du comte Amédée IV (frère ainé de Pierre II), qui est rédigé en 1252, atteste que l’anneau est déjà en possession de la dynastie à ce moment-là. Cela n’exclut pas qu’il ait déjà été dans les mains des Savoie plus tôt, mais nous n’en avons pas la trace“, indique-t-on au château de Chillon.
Ainsi, les comtes de Savoie ce sont transmis le précieux bijou pour signifier la passation du pouvoir.
Le joyau a été perdu au 18e siècle lors de la Révolution française.
Restitution de l’anneau perdu
En 2011, dans le cadre d’un projet mené conjointement avec le château de Ripaille, la Fondation du Château de Chillon a initié la confection d’une restitution de l’anneau de saint Maurice.
L’objet a ainsi été confectionné selon des croquis réalisé au XVIe siècle par le baron Emmanuel-Philibert de Pingon, homme d’état et historiographe de la Savoie.
“La description qu’en fait Pingon présente des similitudes avec certains seaux employés par les premiers rois des royaumes « barbares » en Occident. Ceux-ci utilisaient des saphirs sur lesquels ils se faisaient représenter parfois avec une lance ou un paludamentum, symbolisant le pouvoir dont ils étaient investis par Rome ou leurs liens privilégiés avec Rome.”
Le joailler en charge de cette délicate mission est le restaurateur Bernois Rolf Nopper.
C’est son œuvre que l’on peut admirer au château de Chillon.
Pour tout renseignement, rendez-vous sur le site officiel de la fondation du château de Chillon.
